Pour une meilleure utilisation du sol et de l’espace
by Lucas Verhelst – 10 avril 2022
La grippe aviaire, la grippe porcine, la listériose, l’hépatite E, la rage, la maladie de Lyme, le paludisme, le chikungunya, la dengue et probablement la dernière en date : le Covid 19, toutes ces maladies, qu’elles soient de souche bactérienne, virale, fongique ou parasitaire, ont toutes un point commun : ce sont de zoonoses.
Les zoonoses sont des maladies qui se transmettent des espèces animales vers l’espèce humaine, cas très répandu dans la mesure où 60 % des maladies infectieuses sont des zoonoses.
Cependant, le phénomène tend à s’accélérer ces dernières années. Le mécanisme à l’œuvre est le suivant : Artificialisation des espaces vierges et sauvages à des fins économiques » Destruction des habitats de la faune sauvage par l’homme et donc fragilisation des espèces » Contact étroit des espèces avec l’homme du fait de la chasse et du commerce de viande ainsi que du rapprochement de la faune en quête de nourriture des zones habitées » Contamination de l’homme par la faune sauvage.
Un autre phénomène à l’œuvre également depuis quelques années et qui s’est illustré par exemple à travers l’épidémie de grippe porcine, est la transmission à l’homme d’une virus ou d’une bactérie par l’intermédiaire d’animaux domestiques ou d’élevage. Le schéma est passablement le même : la pression exercé par l’homme sur les habitats conduit la faune sauvage à se rapprocher d’installations fermières ou d’habitations où ils sentent de la nourriture, entre en contact avec de la volaille, des bovins, des pangolins, etc… et ces animaux d’élevage transmettent à leur tour la souche virale ou bactérienne à l’homme… et c’est le début d’une épidémie.
Fort de ce constat, deux questions se posent :
• 1 / La déforestation et l’urbanisation d’une part, et la destruction des sols et des écosystèmes d’autre part, ne vont-elles pas avoir pour effet d’aggraver encore davantage les risques de voir se développer des phénomènes de zoonose ?
• 2 / Comment peut-on inverser cette tendance ?
Il ne faut pas se voiler la face, le risque est réel : ces prochaines décennies pourraient bien être le théâtre de pandémies toujours plus destructrices dont le Covid 19 aura été un modeste avant-goût. Toutes les conditions sont malheureusement réunies : population humaine sans cesse en augmentation ; activités humaines toujours autant assujetties au principe-roi de la croissance économique ; inertie politique face aux enjeux climatiques…
Dès lors, nous faisons le postulat que notre manière d’organiser nos territoires peut influer grandement sur l’apparition des zoonoses. Les pistes de solutions que le LusEa propose sont donc les suivantes :
— Opter pour des modes de vie plus sobres et efficaces sur les plans énergétique et alimentaire. Ces dispositions auront pour effet de rendre une part significative de sol à la nature et à la faune sauvage, à travers par exemple la plantation de haies bocagères le longs des cultures, la reforestation ou encore la renaturation de cours d’eau. Ces espaces rendus à la nature permettront de reconstruire des habitats en supprimant la nécessité pour la faune sauvage en quête de nourriture, de se rapprocher de zones habitées.
— Mettre un frein à la chasse et au commerce de viande en adoptant une alimentation qui tende vers le végétarisme. C’est bien connu, la consommation de viande dans de mauvaises conditions de conservation entraine des épidémies, phénomène impossible avec l’alimentation végétale… Donc, revoyons de fond en comble nos modes d’alimentation.
— Promouvoir une agroécologie respectueuse de l’environnement. Il tombe en effet sous le sens que les «fermes à 1 000 vaches» et autres unités d’élevage intensif qui sont le fruit d’une vision industrielle de l’agriculture, favorisent l’apparition de zoonoses du fait du nombre important des têtes de bovins ou de volaille, et du fort taux de contagion qui résulte de leur promiscuité. Nous devons revenir au contraire à des unités d’élevage beaucoup plus petites, plus étendues en surface de pâturage, plus nombreuses et mixant davantage les espèces.
— Accélérer la création de corridors biologiques pour permettre à la faune sauvage exposée à l’éclatement des habitats du fait de l’étalement urbain et de la déforestation, de circuler au sein de ces habitats fragmentés. Haies, bocages, aménagement des bords de routes, mais aussi écoducs et écoponts doivent se multiplier dans les années à venir afin d’inciter les espèces à continuer à vivre au sein de leurs milieux naturels tout en restant à distance de l’homme.
Autant de chantiers que nous devons mener vite, et partout. Car le Covid 19 nous a démontré que la mondialisation et la circulation permanente des populations aux quatre coins du globe en temps de pandémie ont pour effet de rendre stérile tout plan d’actions qui ne serait pas universellement appliqué.